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Christian Rome

Littérature

L'Heure du Poète

Publié le 19 Décembre 2010



L'Heure du Poète

   

 

 

Le roman de Christian Rome, livre de fiction politique paru en 2011 au moment du Printemps arabe, entre aujourd'hui en résonance avec l'actualité.  Notamment, les thèmes de la prise du pouvoir par l'extrême droite, de la dégradation du climat avec ses conséquences écologiques et humaines, la situation tragique des migrants qui s'échouent sur les rives de l'Europe...

 


Le sujet

 Le vent révolutionnaire qui souffle aux pays du Maghreb coïncide avec la sortie de L’Heure du Poète de Christian Rome. Entre anticipation et fiction politique, l’auteur nous décrit, en effet, un régime dictatorial en train de se fissurer sous les coups de boutoir de la révolte et de la guerre civile… Un univers sombre, ponctués d'éclairs de lumière, où subsistent encore quelques îlots de résistance qui permettent à certains de rêver, de s'aimer, de combattre. Car au bout de la nuit "le jour aura toujours le dernier mot."

 

L'histoire

 Aux dernières heures d'une dictature, la rencontre et l’amour fou d’un poète et d’une chanteuse pris dans la tourmente de la guerre civile.

Dans un futur que l'on pressent proche, la faillite des partis républicains traditionnels a provoqué l’arrivée au pouvoir d’un parti ouvertement fasciste. Dans ce monde où la peur et l'ambivalence mènent la danse des destins individuels, le Poète, qui survit par la compromission avec le régime, et Sonia Morante, la chanteuse "autorisée", tombent éperdument amoureux. Tandis que la révolution gronde et commence à faire craquer la dictature, les amants sont contraints de s'enfuir pour rejoindre la guérilla. Mais les événements les rattrapent... 

 

Extraits

 "Tu avais dit : « J’écrirai un livre sur toi. » J’ai longtemps hésité à écrire ce livre sur nous. Une longue traîne de vie, tumultueuse et surprenante, avec son cortège de souffrance et d’exaltation, a tout entrepris pour t’exiler de ma mémoire. Elle n’y est pas parvenue. Il est étrange que je revienne vers toi à l’heure de ma dernière saison dans ce monde stupéfiant, vers toi dont je connais les souterrains de l’âme et dont cependant le mystère m’échappe. Est-ce pour tenter de m’approcher de ce mystère qui m’échappe ou parce qu’à ton souvenir mon cœur et mon corps de vieille femme s’embrasent encore d’un invincible désir de vie ? Aurai-je un jour la réponse dans cet autre monde dont j’aperçois la porte s’entrouvrir devant moi ?

            Aurai-je un jour la réponse ?"

 

 

 

 

            "Le cœur des grandes métropoles s’arrête parfois de battre quand le soir dépose sur les toits son manteau d’ombre. Alors, les piétons imprudemment attardés rasent les murs pour rentrer chez eux, les boutiques baissent leurs rideaux, les volets et les stores se ferment, les lumières des appartements se tamisent et, tandis que le silence abat sa chape de plomb sur les consciences, on fait semblant de ne pas entendre au loin les moteurs des véhicules spéciaux de la Sécurité vrombir dans les casernes. Bientôt les rues trembleront sous les chenilles métalliques, bientôt le bruit de bottes des escouades policières rythmera les rêves apeurés des citoyens, bientôt résonnera çà et là le cliquetis mat d’un silencieux visant la tête d’un égaré car - délicatesse desdictatures - il convient de ne pas faire trop de bruit pour préserver le sommeil des populations ; et au matin, avant six heures, les camions chargés du ramassage des ordures auront débarrassé la chaussée des cadavres de la nuit ; il ne restera plus une goutte de sang sur le macadam et tout, en apparence, sera rentré dansl’ordre."

 

 

 

 

1ere de Couverture L'heure du poète

« Ils courent. Ils courent, à perdre haleine, le cœur au bord du souffle, derrière les jeeps et les voitures emplies d’hommes en armes, poussés par un élan d’enthousiasme plus fort que la peur, plus fort que la mort, saoulés par les coups de feu et les rafales des armes automatiques, les cris et les hurlements, l’odeur âcre des incendies, enivrés de la joie sauvage de voir les bataillons de police reculer, enfin  ; ils courent, soulevés par une force indestructible, la certitude rivée au cœur que rien ne pourra leur arriver ; jetés, ballottés dans la cohue, ils se laissent porter par l’immense rouleau humain qui déferle sur la vaste place, gigantesque lame de fond balayant, ravageant, purifiant de son énergie les années d’angoisse. La ville entière, tremblante, palpite de ces milliers de cœurs investis de l’impitoyable certitude du droit et de la justice. Sur l’écran bleu du ciel, le voile noir des fumées joue à cache-cache avec le soleil. C’est une belle matinée. La plus belle matinée du monde. Ce matin, Dieu existe, Celui de la force, Celui de la justice, Il est là, planant au-dessus de la violence des heurts, des corps frappés, des corps happés par les balles, guidant la révolte des Justes. Mais soudain, comme un vent mauvais… »        

 


           


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